door exposure - 2 années 7 mois ago

Les syndicats ont organisé une journée de grève pour les aide-ménagères. Les différents syndicats se sont rassemblés à la gare du Nord et ont mené une action auprès de l’organisation patronale Federgon. Que se passe-t-il au juste?

Pourquoi une grève dans le secteur des titres-services?

Les concertations sur un nouvel accord salarial sont au point mort, selon les syndicats. C’est surtout la rémunération pour le déplacement entre deux clients qui serait le point de discorde. Les employeurs sont d'un avis différent. Ils parlent de négociations constructives qui se poursuivent toujours et disent ne pas bien comprendre la grève.  Les actions et les tensions autour des concertations qui font surface ne sont pas du tout surprenantes. C’est que les précédentes négociations salariales ont également été extrêmement difficiles et les voix des parties négociantes étaient les mêmes. Selon les syndicats, les attentes souvent justifiées des aide-ménagères ne sont toujours pas satisfaites de manière suffisante, alors que les employeurs ne cessent de répéter qu'ils font de réels efforts avec les moyens dont ils disposent pour répondre à ces attentes dans la mesure du possible.

En fait, les deux parties ont raison. Les syndicats demandent à juste titre une amélioration des conditions de travail des aide-ménagères. Les employeurs, de leur côté, disent avec raison, que le financement actuel du secteur ne le permet pas.    

Pourquoi les négociations sont-elles si difficiles ?

Ce sont les autorités qui déterminent les revenus des entreprises car ce sont elles qui décident de la valeur de change d’un titre-service. Celle-ci est insuffisante pour pouvoir conclure des accords qui vont plus loin, selon les employeurs. C’est ce qui ressort entretemps d’un grand nombre d’études sur la situation financière du secteur. Il en est ressorti que déjà en 2018 plus de 30% de ces entreprises fonctionnaient à perte. Après, la situation n’a fait que s’aggraver selon tous les modèles.

Comme la valeur de change n’a pas augmenté suffisamment avec le coût, les entreprises ont été poussées plus près de l’abîme à chaque nouvelle indexation. Parce que, quand les coûts augmentent plus vite que les revenus, le secteur a de plus en plus de problèmes. Début novembre 2021, la ministre flamande Hilde Crevits a reconnu qu’on ne pouvait pas continuer de la même façon et est donc intervenue. Dorénavant l’indexation sera entièrement compensée. Mais étant donné que Bruxelles et la Wallonie avaient déjà réagi en 2016 et en 2017, une heure de travail prestée en Flandre rapporte toujours 40 cents de moins, même après le 1ier janvier 2022.

Le gouvernement flamand a mis l'épaule à la roue. Ces mesures arrêtent la chute libre des entreprises, mais ne leur permettent pas de sortir de l'ornière. La perte supplémentaire a été arrêtée, mais cela ne donne pas au secteur un budget supplémentaire. Pour cela, il faudrait injecter dans le système des ressources supplémentaires qui ne doivent pas être consacrées tout de suite à l'indexation. Ce n'est qu'alors qu'il sera possible d'améliorer les conditions des aide-ménagères. Après tout, une indexation n'est rien d'autre qu'une adaptation du salaire à l'augmentation du coût de la vie. Ce n’est pas avec une indexation que l’aide-ménagère obtient un pouvoir d’achat accru.

Où est la solution pour les aide-ménagères et les entreprises ?  

Le prix d’un titre-service est resté au même niveau depuis 12 ans déjà : 9 euros de l’heure. 9 euros pour une heure de travail, tandis que les salaires de n’importe quel employé en Belgique ont été augmentés pas moins de 9 fois en 12 ans par le biais de l’indexation. Si le prix du titre-service avait évolué au même rythme et que ces moyens avaient été utilisés pour renforcer le secteur, il n’y aurait probablement pas eu de conflit aujourd’hui. On n’aurait pas eu d’aide-ménagères mécontentes dans les rues de Bruxelles. La solution tant convoitée se trouve probablement dans un débat sur une augmentation du prix du titre-service.